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2023 : Deux nouvelles hautes distinctions pour le Ruffus Cliquez ci-dessus pour les infos et réultats - www.chardonnay-du-monde.com LE RUFFUS : Et une 2eme médaille d'or pour le Chardonnay Brut ! Cliquez sur l'article de la NG Centre du 18 mars 2021 pour une lecture plein écran RUFFUS : Nouvelle médaille d'or pour la Cuvée Brut Rosé
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Historique Dans
le vignoble dit " Des Agaises
" d'Haulchin, Raymond Leroy produit du vin mousseux
commercialisé sous le nom de "Cuvée Seigneur Ruffus" C’est là que cela devait être...
à Haulchin, entité
d’Estinnes, à côté de Binche. Quand Raymond Leroy
revient de Montpellier en 1981, il a un peu plus de 20 ans
et l’envie féroce de trouver l’endroit propice. A
Montpellier, il a suivi une formation de technicien œnologue
pendant deux ans. Le
vin, il l’a dans le cœur. Il est né dedans. Sa famille
“du côté de sa grand-mère” possède une maison de négoce
de vin à Binche depuis 1834. Son métier est tout trouvé.
En rentrant du sud de la France donc, il rentre chez Leroy-Prévot
– “c’est le nom de ma maman” . Aujourd’hui, à 50
ans, il la dirige avec son frère. “Le négoce, c’est
passionnant” , raconte cet incontestable passionné. “On
est en contact avec les vignerons et avec les clients,
restaurateurs et particuliers”. Mais il manque quelque
chose… “Choisir un vin, bien le choisir et le vendre :
on reste un intermédiaire. Il manquait la création” . Il
veut planter et sillonne le coin. Il déniche le bon coteau,
“plein Sud, sur de la craie” . De la craie comme en
Champagne… La
terre qu’il a élue appartient à la famille Delbeke, des
fermiers. Au milieu de la cour intérieure de la Ferme de la
Tour, il est un peu impressionné. “Est-il possible de
planter des vignes chez vous ?”. La perplexité est
palpable. Le défi semble fou. Pour se réconforter, Raymond
Leroy… passe à l’acte : il plante quelques pieds en
face de sa maison, du pinot noir. L’aventure commence.
“Un terrain lourd, à l’Ouest, j’ai fait deux, trois
fois du vin mais ce n’est pas exceptionnel”, sourit-il.
Le temps passe. La nostalgie s’estompe “un peu”. Début
octobre 2001, c’est le tournant. A une réunion
d’anciens du collège de Bonne Espérance, il tombe sur
Etienne, le fils de Joseph Delbeke. Ils parlent vin. “Le
referiez-vous ?”, demande Etienne. “Directement”, répond
Raymond. Tout va alors très vite. L’équipe se constitue
: le duo (la famille Delbeke et lui) se fait quintette.
“Avec mon cousin, un copain et Thierry Gobillard”.
De chez Gobillard et Fils, à
Hautvillers, en Champagne, dont les Leroy distribuent les
produits en Wallonie depuis de longues années. Les terres
sont analysées et la conclusion tombe : c’est bon. “Je
voyais vraiment cela comme un essai, sur 15 à 20 ares”,
confesse Raymond Leroy. “On va quand même démarrer par 2
hectares, sinon c’est du jardinage” , affirme de son côté
Thierry Gobillard qui prend en
charge la vinification. Deux hectares, cela signifie aussi
beaucoup plus d’investissements. “Il faut compter 30000
€ par hectare, sans la terre, et les pieds non plantés.
Et le double avec la terre et la plantation”. Et puis
aussi, “on passe du petit motoculteur au tracteur
enjambeur”. Plus le pressoir, la cuverie…
Fin 2001, la S.A. est constituée. En mars de l’année
suivante, deux planteurs professionnels débarquent de
Montpellier (bien sûr) pour planter les 2 premiers hectares
loués à la ferme. “Nos 20 000 premiers pieds”. “Les
planteurs travaillent très vite”, estime Raymond Leroy.
“L’alignement est parfait, comme dans un cimetière américain”.
Rebelote en 2003 et 2005. La société rachète ensuite 4 ha
qui sont plantés en 2007 et commenceront à produire en
2009. Et il faut ajouter deux ans pour la sortie en
bouteille. En tout, il y a actuellement 10 ha pour 97 000
pieds de chardonnay et le solde de pinot meunieur
et de pinot noir). “Thierry
nous pousse à planter car le temps que cela sorte…”Et
puis, quand on a plus de vignes, “on peut constituer une
petite réserve”, bien utile en cas de mauvaise année,
comme une année avec beaucoup d’orages ou de grêle.
“On débourre (NdlR : le
bourgeon commence à s’ouvrir) vers le 20, 25 avril, or
les Saints de glace, c’est quelques semaines plus tard”,
pendant lesquelles il faut croiser les doigts… Quelques
bouteilles font leur apparition en 2003, déjà. “C’était
la deuxième feuille seulement (NdlR
: la deuxième année de la vigne) mais l’été fut
exceptionnel et pour le plaisir, on a fait quelques
bouteilles”, rappelle Raymond Leroy. C’est tellement gai
de voir sa première bouteille, “et de la goûter”,
poursuit-il avec enthousiasme. “En 2004, c’était la
troisième feuille, nous avons fait une très belle vendange
avec un produit de très belle qualité”. “Ce
qui fait un bon mousseux, c’est sa fraîcheur”
Le produit, c’est la cuvée Seigneur Ruffus, “le premier seigneur des Estinnes et de Bray”, du vignoble des Agaises, “le vignoble se situe au lieu-dit “Les Agaises””. L’étiquette de ce 100 pc chardonnay est signée Antoine Pinto (qui a notamment orchestré la décoration des restaurants Belga Queen et Ostend Queen) et est ornée de Gilles de Binche (Raymond est Binchou et Gille). C’est donc un blanc de blancs, méthode traditionnelle (refermentation en bouteille). “Nous avons tout de suite opté pour le pétillant. Avec un vin tranquille, je ne serais pas concurrentiel”, explique-t-il. “Avec une bouteille à 12 € – et nous comptons rester sur ce prix –, nous sommes dans les prix des tout petits champagnes et à la moitié du prix des champagnes de marque”. La comparaison est lancée… Jusqu’aux produits du Nouveau Monde : “Ce qui fait un bon mousseux, c’est sa fraîcheur. Il faut avoir un climat “plutôt nord de la France” pour en produire. La preuve ? La Champagne. Les vins du Nouveau Monde sont souvent un peu lourds” , avoue-t-il. “Chez nous, on reconnaît la touche Gobillard, la main de Thierry dans le Ruffus. Le champagne Go billard, c’est du champagne très souple, très onctueux, qui ne pique pas les yeux – beaucoup de champagnes, c’est du Perrier”, analyse-t-il.
Son produit, il le vend à des cavistes et des restaurateurs partout dans le pays. On retrouve ainsi le Seigneur Ruffus au Comme chez Soi ou au château de Genval, parmi d’autres. “Il y a énormément de demandes de privés, des gens de la région d’abord, pour qui cela devient le produit de la région qu’ils emportent en vacances en France”. Pour le déguster en compagnie de… Français. Et il tient la route, estime Thomas Costenoble, directeur du Concours mondial de Bruxelles qui se déclare “intarissable sur ce vin-là”. Lors de la dernière édition du Concours, en avril dernier à Bordeaux, l’auguste Seigneur a reçu deux médailles d’or (pour deux vins présentés avec des dosages de sucre différents, à 0,6 et 0,8). En 2007, il avait déjà récolté deux médailles d’argent et deux autres en 2006. Il a également obtenu “trois médailles d’argent en trois ans” au “Chardonnay du monde”, “la confrontation internationnale des meilleurs chardonnay du monde”. “Je n’y croyais pas au départ, du vin effervescent à Binche, mais il le fait très bien et il est le seul à ne produire que du vin effervescent en Belgique. Pourquoi s’en priver ?”, ajoute Thomas Costenoble, ingénieur agronome et œnologue de formation (à Bordeaux). “La qualité paraît constante, on a un goût Ruffus assez constant, lié au terroir”, avance pour sa part, et avec une certaine modestie, le producteur que les locaux surnomment “Monsieur Vigneron”. “C’est vrai que la demande est énorme”, reconnaît celui-ci dans la foulée. “Une demande insatisfaite, c’est plutôt bien. Il ne faut pas inonder le marché. Ceci dit, on ne va pas en rester là même s’il ne faut pas aller trop vite”. “Le
potentiel est là”
Les vendanges 2006 ont apporté 30 000 bouteilles (elles viennent de sortir), en 2007, 39 000 bouteilles (l’embouteillage a eu lieu en mars, elles sortiront l’an prochain) et peut-être entre 40 et 45 000 cette année “si l’été et l’arrière-saison sont beaux”, prévoit Raymond Leroy. “La floraison est finie, les grains sont formés, le potentiel est là”, constate-t-il avec bonheur, penché sur ses vignes. “Le mois de septembre est très important, il peut rattraper un mauvais été, c’est ce que l’on a connu l’an dernier”. Au milieu de son vignoble, sous le soleil, il se sent “au paradis”. “J’ai toujours autant de plaisir à venir”, lance-t-il. “Tous les soirs, quand il fait beau, j’y passe”. Sur le coteau, à droite de la route, s’étendent les 6 ha, plus loin, au-delà d’une bande de terrain, les 4 derniers ha qu’il rêve de réunir aux premiers. “Cela ferait 30 hectares”, dit-il, des étoiles dans les yeux. D’autant qu’à gauche de la route, ce n’est pas mal non plus et qu’après le coteau s’en profile un second juste avant la carrière d’Harmignies qui produit… “le meilleur ciment blanc d’Europe”. Ce qui donnerait une soixantaine d’hectares…
Pour
l’heure, il produit un brut. A partir de cette vendange,
il va vinifier le rouge à part pour faire un peu plus de
rosé et il espère la tête de cuvée, le millésimé,
alias le produit de prestige – comme en Champagne – pour
2011 ou 2012, quand il aura assez de volume. Raymond Leroy
est aussi administrateur du Domaine du Riou,
7 ha dans les côtes du Rhône que son beau-père a achetés
pour ses petits-enfants et, au fond, serait assez tenté par
l’Espagne. Son fils John étudie à Montpellier. Bioingénieur
(en chimie et bioindustries), il complète sa formation avec
un master en vigne et vin. Son autre fils, Arnaud, “fait
de l’informatique mais s’intéresse fort au vin”. Sur
le coteau, Raymond Leroy retrouve Joseph Delbeke occupé à
soigner les vignes et ravi d’avoir finalement tenté le
coup. Dans quelques semaines, ce seront les vendanges. Fin
septembre, début octobre, place à la fête pendant 3 jours
dans les vignes en compagnie de 250 bénévoles.
L’aventure continue… article
de " La Libre " paru le 19/07/08 - Anne Masset |